mardi 17 mai 2016

Zlatan, la légende et les mythes.

La dernière journée du championnat de Ligue 1 a, comme à l'accoutumée, servi son lot de buts, d'émotions, de retournements de situation et d'hommages en tous genres.
Clap de fin pour certains, qui arrêtent leur carrière professionnelle, pour d'autres qui quittent leur club après des années de bons et loyaux services.
Parmi eux, ces préposés au tour d'honneur, et à la salve dégoulinante d'unanimité, Zlatan Ibrahimovic, qui après quatre saisons à claquer but sur but  à nos malheureux gardiens hexagonaux, jouait son dernier match sous le maillot du Paris St Germain, et au parc des Princes a fortiori. Quel plus beau théâtre pour des adieux que le Parc qui en a vu défiler des artistes et des géants du ballon rond ? Le Parc, ce stade qui en impose à tous, avait notamment vu les larmes pleines d'humilité de David Beckham pour des adieux émouvants, le dernier monstre sacré à qui l'on avait rendu hommage.
Zlatan est il de cette race, de celle des seigneurs, esthètes et classieux, respectueux de leur sport, du public, sa personnalité, aussi controversée que son impact sur la Ligue 1 fut grand, mérite t-elle pour autant la grandiloquence des égards rendus par le public parisien.

Nul ne saurait contester les exceptionnelles qualités du footballeur Ibrahimovic, sa puissance physique, ses coups de génie, sa faculté à faire basculer le sort d'une rencontre à lui tout seul (encore que, en C1...), ces records tombés les uns après les autres comme des fétus de paille, son palmarès fabuleux, ses titres de meilleur canonnier.
Mais derrière Ibrahimovic, l'attaquant qui vient d'effacer Carlos Bianchi des tablettes, il y a l'insupportable Zlatan, l'homme pédant à l'ego dé-dimensionné, l'homme qui dit avoir placé par son seul talent la France du football sur la carte du monde, l'homme qui s'est dit roi en arrivant, légende en repartant.
Bien sûr il y a une part de jeu évidente et de promotion médiatique nécessaire derrière ce personnage haut en couleurs, mais pas si surjoué, et puis, il est des attitudes sur un terrain, une arrogance latente pour autrui, un comportement plus que limite vis à vis des arbitres... Qui aura oublié que la "France est un pays de merde", selon la propre expression de celui a qui l'on a rendu un hommage surdimensionné ? Qui aura oublié ces quatre années jalonnées, oui, de buts extraordinaires, mais aussi des provocations parmi les plus petites ?

C'est pourquoi la cérémonie qui guida la fin de l'ère Zlatan eut un air de ridicule, ce sentiment partagé de "ça fait trop"... Jugez plutôt : les applaudissements du Parc en rentrant seul sur la pelouse, la rencontre arrêtée à la 10ème minute, en signe d’allégeance, et une sortie du terrain volontaire en dépit des trois changements déjà effectués par Laurent Blanc... Si l'on ajoute l'idée saugrenue de baptiser une tribune du nom de l'attaquant suédois, on dépasse de loin les limites du possible, du Zlatan, en quelque sorte.

Ibrahimovic, ce devait être le symbole des ambitions nouvelles du Paris St Germain version QSI. C'était déjà oublier que le PSG avait une longue histoire, que 2016 marquait les 20 ans de la victoire du club francilien en Coupe d'Europe des Vainqueurs de Coupe, quand Nasser El Khelaifi attend toujours de franchir le mur des 1/4 de finale, et les supporters, le parfum d'une nouvelle épopée, de nouveaux exploits.
Celui qui oublie sa propre histoire hypothèque déjà sérieusement son propre avenir...
Oui, il fut un temps pas si lointain où le PSG, sans Zlatan, mais avec de vaillants guerriers, se battait avec les plus grands d'Europe, quatre demies-finale consécutives, deux finales européennes, un temps où le PSG éliminait le Bayern de Munich, le Réal Madrid, le FC Barcelone, déjà maîtres en Europe...
Paris avait déjà écrit une page glorieuse de son histoire que le grand Zlatan n'a pas grandie, lui, si fort pour la faible Ligue 1, et si friable à l'orée des joutes continentales...
Une tribune Ibrahimovic ? Et que reste-t-il de Bruno Ngotty, le buteur d'un soir de triomphe continental, celui après lequel court toujours le géant suédois ?

L'OM a eu Drogba, l'un des meilleurs joueurs du monde de ces dix dernières années, il n'en a jamais oublié son Basilou et sa tête rageuse pour l'unique victoire française en C1.

Et puis Paris en a connu des très grands joueurs, des artistes de la planète football, Susic, Weah, Raï ou plus récemment Pauleta, eux aussi font partie de la légende, mais, la classe en plus que le suédois, eux sont devenus des mythes.
Alors, si l'explosif Ibrahimovic fera cruellement défaut, c'est vrai, à une Ligue 1 en manque cruel de talent, Zlatan, lui, ne méritait pas une larme d'adieu.

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